Cadre de l’IATA : « Les producteurs d’énergie manquent l’occasion en or que représente le SAF »
La demande de carburant durable d’aviation (SAF) de la part des compagnies aériennes dépasse largement la mobilisation des ressources pour la production de ce carburant alternatif. Les producteurs d’énergie semblent manquer l’occasion rêvée de produire des SAF, a déclaré Marie Owens Thomsen, première vice-présidente chargée du développement durable et économiste en chef à l’IATA, l’Association internationale du transport aérien.
Dans une analyse publiée sur le site Internet de l’IATA, Marie Owens Thomsen affirme que le SAF est la seule solution éprouvée pour remplacer le kérosène traditionnel des avions. Dans le cadre de sa stratégie de développement durable de l’industrie, l’IATA estime que le SAF représentera environ 62 % de la réduction des émissions de carbone nécessaire pour parvenir à des émissions nettes de CO2 nulles d’ici 2050. En 2022, la production de SAF a atteint 300 millions de litres, soit une augmentation de 200 % d’une année sur l’autre. Toutefois, cela ne représentait que 0,1 % de la consommation totale de kérosène de l’aviation pour la même année.
Déception quant au rythme de développement
La directrice de l’IATA a fait part de sa déception quant au rythme de développement du marché des SAF. « Le marché des FAS n’en est qu’à ses balbutiements et les producteurs d’énergie tardent à saisir ce qui devrait être une occasion en or, surtout si l’on considère que le prix des SAF est deux à quatre fois plus élevé que celui du kérosène. Normalement, sur les marchés plus matures, un prix élevé stimule la production jusqu’à ce que la demande soit satisfaite, après quoi le prix diminue. Le fait que le marché des carburants durables ne suive pas actuellement ce modèle est un signe que d’autres contraintes ont été rencontrées. »
Les contraintes en question
L’une des contraintes est que l’argent public et privé continue d’affluer abondamment dans le secteur des énergies fossiles : plus de 1 000 milliards de dollars en 2023. Au manque d’investissement dans les énergies renouvelables dans leur ensemble s’ajoute l’inconvénient de la faible part du kérosène dans la production totale des raffineries. Marie Owens Thomsen : « En 2022, les raffineries ont alloué 25 % de leur capacité à la production d’essence et seulement 8 % à la production de kérosène. « Le transport aérien joue donc un rôle très limité dans l’optimisation des profits d’une compagnie pétrolière, et l’incitation à investir des sommes importantes dans la production de carburants aéronautiques durables, malgré leur prix élevé, est faible. »